jeudi 21 novembre 2024

Le Cloud au service de l’agriculture durable Atouts et défis de sécurité

Confronté à la fois aux questions de durabilité et de productivité, le secteur agricole se tourne vers les nouvelles technologies disruptives pour mieux répondre aux enjeux climatiques et démographiques actuels.

Le cloud computing marque la transformation numérique du secteur apportant des avantages incontestables sur plusieurs volets sans pour autant être à l’abri des défis sécuritaires généralement associés à l’hyperconnectivité et la digitalisation accrue.

L’informatique en nuage ou le cloud computing se définit comme un mode d’organisation des systèmes d’information qui se fonde sur l’infogérance. En d’autres termes, l’utilisateur externalise la gestion de ses ressources informatiques à un prestataire moyennant une location.
Face au dérèglement climatique et à la hausse de la demande liée à l’évolution démographique, le Cloud est perçu comme une technologie prometteuse pour améliorer l’efficacité et la durabilité de l’agriculture. Il est désormais prouvé que l’utilisation de ses solutions pour stocker et gérer des données agricoles peut
faciliter l’accès à des informations essentielles pour les agriculteurs, comme les prévisions météorologiques et les données de sol, leur permettant ainsi de prendre des décisions éclairées sur la gestion de leurs cultures.

The system architecture with the middleware as the interface between the field level and the cloud-based farm management.
Source : Future Cyber-security Demands in Modern Agriculture/Erwin Kristen, Reinhard Kloibhofer (AIT Austrian Institute of Technology, Vienna) et Vicente Hernández Díaz (Universidad Politécnica de Madrid)

En effet, les services de stockage en nuage offrent une efficacité inégalée pour le traitement de données géospatiales à grande échelle. Grâce aux ressources de calcul et de stockage évolutives du cloud, les utilisateurs peuvent facilement traiter de grandes quantités de données géospatiales en temps réel, ce qui était auparavant impossible avec les solutions de traitement de données traditionnelles.

Selon une étude publiée par la revue scientifique Nature, les avancées en matière de cloud computing et de géotraitement exécuté sur un serveur ont permis de récupérer et d’analyser des données à des échelles et à des vitesses sans précédent. L’idée c’est que les parties prenantes peuvent désormais utiliser des outils de géocommunication CIS basés sur le Web pour visualiser et interroger les informations dont elles ont besoin. L’approche biogéographique pour les cultures est un exemple de produit basé sur des données probantes qui peut maintenant être accessible via des outils GIS basés sur le Web pour guider les politiques et les mises en œuvre ciblées.

Cela montre l’utilité de ces produits cloud-based pour soutenir la capacité interactive des parties prenantes à évaluer la production,  les taux saisonniers de précipitations, et les conditions climatiques de manière générale.

De plus, le « sensor-cloud computing » désigne les applications de réseaux de capteurs sans fil (WSN) sur le terrain qui sont soutenues par le cloud computing. Cette intégration permet une vitesse de traitement plus rapide et une capacité de stockage plus élevée, ainsi qu’une gestion améliorée des données et des contrôles d’accès. Dans le domaine de l’agriculture, cela peut être utilisé pour établir un système de stockage cloud pour surveiller les fluctuations du sol, anticiper les rendements, ou créer un système d’irrigation intelligent et contrôlé par le cloud.

Source : Advanced Technology for Smart Environment and Energy

Cependant, le secteur agricole est de plus en plus soumis aux cybermenaces autant qu’il évolue en termes de numérisation.
En avril 2022, le FBI estime que les acteurs malveillants pourraient cibler les coopératives agricoles lors des périodes cruciales de plantation et de récolte. Les ransomwares sont de plus en plus utilisés par les cybercriminels pour perturber les opérations et demander des rançons. Aux Etats-Unis, six coopératives céréalières ont été déjà victimes de ransomwares pendant la récolte d’automne 2021. Plusieurs variantes de ce type ont été utilisées, notamment Conti, BlackMatter, Suncrypt, Sodinokibi et BlackByte. Certaines entités ciblées ont dû interrompre complètement leur production, tandis que d’autres ont perdu des fonctions administratives.

En 2022, une entreprise fournissant des services d’aliments pour animaux et d’autres services agricoles, a signalé deux tentatives d’accès non autorisées à certains de ses systèmes.

En Grande Bretagne, des cas de « vaches rançonnées » ont été signalés. En France, la coopérative française Cérèsia et le machiniste AGCO ont été ciblés en 2022. Ce qui a incité les assureurs, tels que Groupama, à prendre désormais en compte ce risque et proposent des offres de cyber-assurance pour les agriculteurs.

Dans le contexte géopolitique incertain lié à la guerre en Ukraine, un groupe d’experts en cybersécurité du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Australie, a mis en garde, en avril 2022, contre les attaques potentielles de hackers soutenus par l’État russe ciblant les chaînes d’approvisionnement occidentales.

Compte tenu de ce qui précède, et face aux cybermenaces en hausse pour un secteur aussi vital, des recommandations et des bonnes pratiques ont été proposées par les géants du cloud.
Etant donné que les attaques 0days sont généralement plus coûteuses (entre 5000 et 350 000 dollars) qu’un ransomware ou un denial of service (DDos) (66 dollars ou 30 % du profit pour le premier, 102 dollars pour un jour et 767 dollars pour un mois pour le second), Microsoft recommande de mettre en place plusieurs couches variées de protections afin d’augmenter le coût pour l’attaquant et complexifier ses actes.

La protection multiniveau à plusieurs couches est donc une approche importante pour réduire les risques des cyberattaques. La sensibilisation des agriculteurs aux nouveaux dangers des technologies qu’ils commencent peu à peu à utiliser et qui ne maîtrisent pas vraiment son mode de fonctionnement, s’avère également indispensable. C’est toujours une question de la capacité d’adaptation qui entre en jeu dans toute tentative de modernisation technologique.

Sachant que L’ONU prévoit un monde de 10,4 milliards d’habitants en 2100, et tenu compte des objectifs du développement durable et de réduction de l’empreinte carbone des activités humaines, le smart farming qui évolue à un rythme soutenu doit mettre les technologies cloud au service d’une agriculture durable tout en assurant la sécurité des données et la souveraineté des chaînes d’approvisionnement alimentaires.

Écrit par : YOUSSEF ZAATOUR

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